Préparation mentale et coaching en hockey

Cet article a été rédigé par Manuel Dupuis, psychologue du sport qui travaille comme préparateur mental depuis 2003, notamment dans le football, le hockey et le basket. Cet article est le fruit de son expérience personnelle et n’est pas exhaustif.

Cet article concerne les aspects individuels qu’il travaille souvent en préparation mentale de hockey.
Un deuxième article sur les aspects collectifs en hockey est disponible ici: La préparation mentale au hockey : aspects collectifs

Le mental au hockey: aspects individuels

Je présenterai dans un premier temps quelques exemples d’aptitudes mentales et de situations que je rencontre le plus souvent dans ma pratique avec les joueurs, ainsi que des exemples de techniques.
Je me limiterai à quelques demandes et situations fréquentes.

La concentration/le zapping mental

La concentration, ou l’attention tout au long du match ainsi qu’au cours des différents entraînements, est fréquemment entraînée avec les joueurs. Les matchs de hockey sont très intenses, il y a peu de temps mort et tout va très vite. Il importe de rester concentré instant après instant, d’être rapidement performant lorsqu’on monte au jeu, de rester calme et concentré dans les moments de frustration ou lors d’un but encaissé.

Dans ce type de situations, certains joueurs ont développé des aptitudes à rester lucides et à se concentrer sur la suite du jeu, alors que d’autres restent un certain temps dans des pensées qui les sortent du cours de la réalité du match. Il arrive que cela se paie cash.

Le travail consiste dès lors à entraîner ou renforcer avec le joueur un rituel permettant dans un premier temps de se calmer (si nécessaire) et ensuite de se reconcentrer.
Il arrive qu’outre la concentration, la combativité se trouve elle aussi diminuée ; il importe dans ce cas de la réactiver également.

Des techniques de zapping mental sont proposées puis entraînées pour passer à un état émotionnellement « neutre » (calme), voire « positif » (ici concentré, mais cela peut être aussi, en fonction des besoins du joueur la combativité ou la confiance). Le terme « zapping » fait ici allusion au réflexe de changer de poste de télévision lorsqu’on n’apprécie pas ce que l’on regarde.

Voici 3 étapes pour « zapper » dans un moment de déconcentration:
  1. Apprendre à prendre conscience qu’on est déconcentré.
    Ceci est très important car certains joueurs ne se rendent compte que tardivement qu’ils sont sortis du match (par exemple qu’ils sont occupés à râler, ou qu’ils sont encore dans la phase de jeu précédente).

    Ceci n’est pas si simple. Certains joueurs savent ce qu’il faut faire (ils possèdent la technique), mais fonctionnent en cours de match à ce point en mode automatique qu’ils ne prennent momentanément pas conscience de leur état. Il importe que puissent être mis en pratique certains entraînements utilisés en préparation mentale, à savoir des méthodes de focalisation de l’attention, et de pleine conscience ou encore certains exercices de sophrologie.

  2. Repasser dans un état plus neutre au niveau émotionnel, par exemple au moyen de la respiration, d’un rituel ou d’une image ressource.
  3. Se reconcentrer et déclencher l’action vers le jeu, en utilisant un déclencheur personnel : un mot ou une phrase qu’on se répète, ou un geste significatif (ex: serrer le stick) Comme expliqué ci-dessous, cette étape est souvent la plus simple, la plus compliquée étant la phase 1.

L’ancrage de ressource est ici un outil intéressant pour activer non seulement la concentration, mais aussi les autres états mentaux, comme la confiance ou la combativité.
Le principe est ici de créer une association au niveau de la mémoire entre un déclencheur et un état mental.

Vous trouvez un article complet sur cette technique dans le lien suivant: « L’ancrage de ressource« .

Gestion du stress et de la pression/performance optimale en hockey

Le stress d’avant-match, ou encore celui des moments importants, sont évidemment régulièrement abordés par les joueurs.
Néanmoins il me semble que celui-ci est généralement plutôt bien géré dans le cas du hockey, comparativement à d’autres sports, comme le football pour une série de raisons que nous n’aborderons pas ici.

Le stress est normal avant un match ou à un moment important: il prépare le corps à agir et doit être accompagné de pensées positives (exemple :  » mon stress, je l’utilise pour tout donner sur le terrain »). Il importe dès lors de développer son monologue intérieur positif (« self-taking »), à savoir des phrases ou des mots qui nous motivent.

A noter que le stress ne doit pas être trop élevé. Il existe en effet une zone de performance optimale dite de « flow », qui se caractérise notamment par un niveau d’activation qui convient personnellement au joueur, associé à un haut niveau de confiance et de concentration.

Le stress est aussi généré, au hockey, par la pression de résultat générée par l’entourage (parents, staff du club,…), ainsi que par l’envie de réussir à haut niveau.

Les jeunes joueurs membres des équipes nationales ne sont pas encore complètement armés au niveau de leur aptitudes mentales et résistent moins à la pression de résultat. L’apprentissage de différentes techniques, comme la relaxation, la méditation ou la sophrologie sont assez appréciées et efficaces dans ce contexte. Un travail individuel plus en profondeur est parfois nécessaire.

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La confiance en soi et l’attitude positive en hockey

Le fait d’oser prendre des initiatives et certains risques est clairement identifié par quasi 100% des joueurs avec qui je travaille comme étant paramètre important de performance.
La confiance dans la réussite est généralement positive quand elle réfléchie rationnellement : les joueurs connaissent leur capacité et savent que s’ils osent, ils vont pouvoir performer.

Néanmoins, au moment du match, certains automatismes se sont mis en place, tantôt positifs (ex: je reste persévérant même après un goal encaissé), tantôt négatifs (je me décourage après une erreur).

Si par le passé, les meilleurs mentalement faisaient la différence, les techniques de modification des comportements, notamment par imagerie mentale ou par les techniques comportementales, offrent des possibilités de progression intéressantes pour les joueurs ayant un potentiel élevé mais parfois initialement plus faible mentalement.

L’attitude positive, notamment corporelle, ou les comportements ayant un impact positif sur le joueur et/ou le groupe, sont aussi beaucoup entraînés, par des techniques comportementales, ou encore par les visualisations. Cet entraînement favorise la prise de confiance et des initiatives sur le terrain.

Les débuts de match en hockey et les entrées sur le terrain

Ces moments sont travaillés car essentiel pour rentrer immédiatement dans le match, physiquement et mentalement.
La régulation du niveau d’activation physiologique, les rituels, ou encore l’imagerie mentale brève juste avant l’entrée sur le terrain sont utilisées avec les joueurs.

La récupération physique et mentale

Il est important que les joueurs puissent optimiser leur moments de récupération physiques et mentales.
Un nombre d’heure suffisant de sommeil et une bonne alimentation sont essentiels.

Le rôle de préparateur mental est ici de faire prendre conscience de certaines lacunes et de motiver les joueurs à changer.

Le temps passé sur les réseaux sociaux et jeux en ligne est souvent un problème chez les jeunes et l’apprentissage de moments de repos nécessitent des chargements dans les habitudes de vie.

Suite de l’article > La préparation mentale au hockey : aspects collectifs

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